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jeudi 18 mars 2010

Face-à-face maroco-algérien à Genève : Rabat met Alger au défi d’ouvrir le mouroir de Tindouf


Si le chameau pouvait voir sa bosse, il tomberait de honte. Cette expression proverbiale s’applique parfaitement à l’exercice périlleux auquel s’est livré, lundi, l’ambassadeur de l’Algérie auprès de l’Office des Nations unies.

Le diplomate algérien, qui évoquait de supposées « violations des droits de l’Homme au Sahara », ne croyait pas avoir mis les pieds dans un plat chaud. Or, la leçon que son homologue marocain s’est chargé de lui administrer a été magistrale. Se basant sur le rapport 2009 de Human Rights Watch, présenté très librement à Rabat, le responsable marocain a mis au défi son homologue algérien de demander à son pays ne serait-ce que d’entrouvrir les camps de Tindouf, où une tragédie humanitaire continue de se dérouler à huis clos depuis (excusez du peu) 35 années ! « Ce rapport que mon collègue algérien ne peut contester, confirme que le HCR a très peu d’accès dans les camps particulièrement pour ce qui touche le milieu judiciaire et carcéral dans les camps, domaines qui demeurent très opaques », a certifié le diplomate marocain. Ce dernier, qui voulait bien voir la paille dans l’œil du voisin et ne pas voir la poutre dans le sien, ne pouvait à l’évidence contredire les faits énumérés par l’ONG américaine. Pas plus que les vérités que plusieurs ONG internationales rapportaient sur le ras-le-bol de la jeunesse dans le mouroir de Tindouf, le récent soulèvement de la tribu Laâyaycha, les injures envers des femmes exposées aux viols collectifs (dont récemment une employée du HCR d’origine algérienne), le détournement des aides humanitaires … Quant à ce sombre tableau, il faudrait ajouter la compromission des services du Polisario avec la vulgate d’Al Qaïda au Maghreb, on peut méditer à loisir les énormes risques que fait planer « l’attitude irresponsable de l’Algérie » et « les effets sécuritaires désastreux » que cette même attitude pourrait engendrer sur la région méditerranéenne, le Sahel et le Sud de l’Europe ». Le diplomate marocain en veut pour preuve (et exemple) les derniers enlèvements de ressortissants européens par les terroristes de l’AQMI (Al-Qaïda dans le Maghreb islamique). Ces enlèvements apportent la preuve, à qui veut bien voir, sur « l’absence d’autorité du pays hôte sur les camps », ce qui constituerait « un terreau fertile pour la nébuleuse d’Al-Qaïda ». Citant le rapport de l’Institut américain POTOMAC de janvier 2010, intitulé « Maghreb et Sahel Terrorism : Addressing the Rising Threat from Al-Qaïda et other Terrorists in North and West/Central Africa », le responsable marocain a mis en garde contre « la vulnérabilité » préoccupante des jeunes séquestrés à l’idéologie extrémiste. La pauvreté, voire la misère, dans laquelle croupit cette jeunesse abandonnée, constituerait une pépinière propice pour la nébuleuse d’Oussama Ben Laden, qui semble trouver dans le désert vaste et non sécurisé de l’Algérie un refuge idéal pour l’exécution de ses plans terroristes. Le règlement de la question du Sahara s’avère donc plus que nécessaire pour « contrer la menace terroriste en Afrique du Nord », région qui représenterait une arrière-cuisine et une tête de pont vers l’Europe pour les agents de la pieuvre terroriste Al-Qaïda. En rapport avec la même question, une ONG internationale a attiré, lundi à Genève, l’attention sur « l’instrumentalisation du droit à l’autodétermination, par certaines parties pour des motivations idéologiques et géostratégiques avérées, en vue de porter atteinte à l’intégrité territoriale du Maroc ». « Le droit à l’autodétermination ne doit pas servir d’alibi pour la désintégration d’Etats souverains », a expliqué l’Action internationale pour la paix et le développement dans la Région des Grands Lacs (AIPD), en allusion à l’Algérie et au Polisario, qui continuent d’hypothéquer par leur position stérile l’avenir de toute la région du Maghreb, et bien au-delà.




Mercredi 17 Mars 2010



Anouar JIHAD

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