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mercredi 19 mai 2010

L’ombre d’Ilich Ramírez Sánchez plane sur Abdelaziz Bouteflika


C’est un véritable début de polémique franco-algérienne –une de plus- qui a été enclenchée par le film « Carlos », réalisé par Olivier Assayas, et dans lequel l’on verrait le terroriste se faire remettre une mallette pleine de billet par Abdelaziz Bouteflika, alors ministre des affaires étrangère de l’Algérie, en contrepartie de la libération d’otages.
Petit rappel des faits : c’était il ya trente-cinq ans, un DC-9 se posait sur le tarmac de l’aéroport d’Alger avec à son bord le terroriste Carlos (de son vrai nom Ilich Ramírez Sánchez) et les quarante-deux otages kidnappés au siège de l’OPEP à Vienne. En guise de comité d’accueil, un petit homme qui trépigne, dévoilant un large sourire sous une moustache barrant son visage. Abdelaziz Bouteflika vient de réussir la médiation de tous les dangers, celle qui devrait permettre aux otages du terroriste le plus recherché au monde de retrouver leurs familles. Pour le ministre des affaires étrangères algérien, Carlos est une vieille connaissance, car ils chassent tous deux sur les mêmes terres : celles des réseaux clandestins d’extrême gauche qui s’activent en Europe et qui sont prêts à passer à la lutte armée. L’Algérie les soutient, leur offre une base logistique ainsi que des camps d’entrainement cosmopolites, où se rencontrent les « freedom fighters » du monde entier, dont certains sont entrés dans la légende du terrorisme international, comme le « docteur » Waddi Haddad.
Subitement, tout ce passé ressurgit, et c’est à travers la fiction que les liens entre Carlos et Bouteflika sont remis en lumière. Or Bouteflika pensait avoir tourné la page, en avoir fini avec ces jeunes aux cheveux longs qui réclamaient à cors et à cri la révolution.

Alors, c’est sûr, faire remonter ces « vieux dossiers », cela ne peut être qu’une conspiration visant à déstabiliser la Présidence et l’Algérie, en ces temps où le terrorisme et le détournement d’avions ne sont plus considérés comme des activités ludiques pour révolutionnaires en goguette. La question ici n’est même pas de savoir si Abdelaziz Bouteflika a effectivement remis des fonds à un terroriste international, mais de se replonger dans le cœur de la prise de décision algérienne des années 70, avec ses luttes d’influences et ses intrigues, dont le paroxysme sera d’écarter du pouvoir ce même Bouteflika, qui connaîtra une traversée du désert de plus de vingt ans. Un système qui est capable d’éliminer le choix le plus évident pour diriger le pays mérite que l’on s’y intéresse de plus prêt, afin de comprendre les ressorts du mécanisme implacable et déterminé qui anime la République Démocratique et populaire.

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