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mardi 20 avril 2010

Le sauve-qui-peut des camps de Lahmada et l’échec du «clan d’Oujda» «Polisario», pour quand le dépôt de bilan


Au cours des quelques semaines écoulées, plus d’une centaine de marocains d’origine sahraouie, jeunes pour la plupart, sont retournés dans leur pays. En fait, il faudrait plutôt dire venus pour la première fois dans leur pays, car nombre de ces jeunes ralliés sont nés dans les camps de Lahmada. Certains furent même des combattants dans les rangs du Polisario. Ces derniers ont tout simplement abandonnés leurs postes et sont venus, toujours revêtus de leurs treillis. Le cœur n’y est plus, la raison encore moins.


Bizarrement, c’est le silence radio absolu à ce sujet du côté de Sahara Press Service (SPS), l’organisme de propagande qui fait office d’agence de presse pour les séparatistes. Idem dans la presse algérienne. Même pas de dépêches pour qualifier la fuite de ces personnes de «trahison envers la cause». Rien. C’est comme si rien ne s’était passé.
Pas de trace, non plus à ce niveau, de la création récente du «Mouvement de la réforme et de la justice », un nouveau mouvement d’opposition à la direction du «Polisario». Un de plus, avec celui devenu célèbre de «Khatt Echahid». Dans l’enfer des camps de la honte de Lahmada, il n’y aurait donc nulle opposition à des dirigeants qui monopolisent le pouvoir depuis plus de trois décennies. Seulement, il est bien difficile de faire taire la voix des opprimés. Et à l’ère des nouvelles technologies de l’information, il est tout aussi pénible de réduire la portée de ces voix dénonciatrices.
Grâce à nos confrères mauritaniens «Aklam Hourra», «Assafir» et «Al Moustakbal», cités par la MAP, l’on apprend que les militants de ce mouvement dénoncent «une situation qui ne cesse de s’aggraver d’année en année sans un minimum d’espoir à l’horizon, en raison de la mauvaise gestion de l’actuelle direction du «Polisario», basée notamment sur le clientélisme, l’opportunisme et la corruption». Pour ceux parmi les observateurs qui suivent l’évolution du mouvement séparatiste depuis suffisamment de temps pour se faire une idée du mode de fonctionnement du «Polisario» et de ses rouages internes, rien de nouveau à l’horizon, si ce n’est cette énième tentative des habitants des camps de Lahmada d’attirer l’attention de l’opinion publique mondiale sur les pressions et brutalités qu’ils subissent au quotidien de la part des dirigeants du «Polisario» et de leurs sbires.
Pas plus inédits d’ailleurs, les arguments avancés par ces militants pour expliquer cette situation. A savoir «les dérives dangereuses ayant conduit la direction du «Polisario» à l’impasse politique et diplomatique, en raison du manque de lucidité et de l’alignement aveugle derrière ceux qui ont des intérêts géopolitiques dans la région». Tout est dit, puisque à moins de se voiler la face, il n’est nul besoin d’être expert pour comprendre qui désigne ce passage: «ceux qui ont des intérêts géopolitiques dans la région».
Combien sont-ils, exactement, nos citoyens qui supportent depuis trop longtemps déjà mauvais traitements et autres humiliations, parqués dans des camps aux environs de Tindouf, en Algérie, derrière des «lignes de sécurité», qui barrent le passage vers leur patrie ? Le secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki Mon, ne s’y est pas trompé en réclamant, dans son dernier rapport au Conseil de sécurité de l’ONU, le 6 avril, un recensement des habitants des camps de Lahmada. Le Haut Commissariat aux Réfugiés, organisme dépendant des Nations Unies, ne s’est-il pas vu empêcher jusqu’à présent par les dirigeants algériens de procéder à ce recensement, alors que les polisariens en reçoivent les aides sur la base de chiffres qu’ils ont les seuls à avancer ? Mieux encore, M. Ban Ki Mon a demandé à ce qu’il soit procédé à des entretiens individuels avec les habitants des camps. La légitime neutralité à observer entre deux parties en conflit ne doit pas se traduire pas un silence complice.
Il reste que l’opinion publique internationale semble, malheureusement, bien mal informée, pour ne pas dire manipulée par les propagandistes du «Polisario», conseillés par leurs parrains de la DRS, la sécurité militaire algérienne.
Combien de militants européens de gauche, sympathisants de la «cause sahraouie», ceux là même qui se sont mobilisés pour soutenir la «militante» séparatiste, Aminatou Haïdar, lors de son sit-in couplé d’une grève de la faim à l’aéroport de Lanzarote, aux Iles Canaries, savent que toute cette affaire avait été montée pour en cacher une autre, beaucoup moins glorieuse, de détournement des aides humanitaires ? Ce sont les douaniers du port d’Alger qui, à la fin du mois d’octobre de l’année écoulée, après avoir procédé à la saisie d’une cargaison de panneaux solaires, un don d’ONG suisses destiné à électrifier des dispensaires dans les camps de Lahmada, ont découvert le pot aux roses. Les panneaux solaires européens ont été en fait vendus et remplacés par des panneaux solaires chinois, de moindre qualité, qui font aussi partie d’un don. Comme le scandale impliquait de hauts responsables autant polisariens qu’algériens, l’affaire fût étouffée en détournant l’attention de l’opinion publique internationale vers une autre affaire, inventée de toutes pièces.

Aminatou Haïdar et le trafic des panneaux solaires

Combien parmi ces âmes charitables et bien intentionnées qui, mystifiées par la propagande polisarienne, défendent les thèses séparatistes, savent que depuis la défection, l’année écoulée, de Ahmedou Souelem Ahmed Brahim, membre fondateur du «Polisario», les dirigeants du mouvement, apeurés d’assister à une hémorragie des cadres du «front» fuyant vers le Maroc, a décidé de suspendre l’octroi des autorisations de sortie de Tindouf ? Et d’envoyer un message très clair à ces cadres. Toute défection entraînera immanquablement des représailles contre les familles des «ralliés». Ces mesures auraient dissuadé plus d’un candidat potentiel au retour.
Et combien sont-ils, encore, à savoir que le principal accusé dans l’affaire de l’enlèvement de trois citoyens espagnols dans le nord de la Mauritanie, fin novembre 2009, par un groupe de terroristes de l’AQMI, Omar Ould Sid’ahmed Ould Hamme, dit Omar Sahraoui, est un cadre du Polisario ?

Selon le site bien informé, Sahel Intelligence, «depuis près de deux ans, les Marocains font valoir l’argument selon lequel il existerait des liens entre le Polisario et Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), assertion systématiquement réfutée par l’Algérie, protecteur «historique» du mouvement sahraoui localisé à Tindouf. La porosité de la frontière idéologique n’était pourtant pas évidente de prime abord, car rien ne semblait prédestiner le «Front Polisario», dont la genèse est clairement influencée par le Marxisme-léninisme, à tendre vers l’islamisme radical. Une première explication de cette déviance du «Polisario» se trouve dans le changement générationnel chez les cadres du Front et dans l’armée, les jeunes étant de moins en moins «connectés» à la doctrine historique du mouvement, et n’ayant pas connu le temps des «camarades» cubains venus expliquer la révolution aux combattants des sables».
Toujours selon la même source, «nombre de professionnels de la sécurité dans la zone sont de plus en plus inquiets du potentiel «extrémiste» des camps de Tindouf, et de son impact sur la stabilité générale de l’arc Sahélien. Certaines dissensions récentes au sein du Front Polisario, portant notamment sur le non versement de la solde de 500 militaires, auraient contribué à exacerber les tensions, et un sit-in aurait même été observé devant la présidence du mouvement. La situation serait devenue assez préoccupante pour que le «grand frère» algérien s’empare de la question, pour reconnaître à demi-mot que l’étendue des distances à surveiller ainsi que la complexité des circuits empruntés rendent difficile d’empêcher les interactions entre les groupes islamistes du Sahel et le front Polisario, et ce malgré une surveillance accrue de leurs déplacements et une augmentation des capacités de renseignement techniques sur la zone. Or, l’enjeu est de taille, car Alger craint par-dessus tout qu’un troisième acteur ne vienne s’inviter dans une situation déjà extrêmement tendue: la rébellion Touarègue…».
Les pays de la région, ainsi que les grandes puissances occidentales, savent pertinemment que la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader actuellement dans le Sahel et que la présence des camps du «Polisario» dans cette région, déjà instable du fait du terrorisme islamique, est un facteur aggravant. Mais les dirigeants polisariens semblent toujours vouloir s’accrocher à leur «business» et, comme d’habitude, multiplient les accusations, non seulement contre le Maroc, ce qui serait classique, mais également contre les Nations Unies et son secrétaire général. Comme quoi le ridicule ne tue point…
Ainsi, le président de la fantomatique RASD, Mohamed Abdelaziz, s’est dit «profondément déçu», par «la partialité du rapport» sur les récents développements dans le provinces du sud du Maroc soumis par M. Ban Ki Mon au Conseil de sécurité de l’ONU, dans une lettre adressée à ce dernier. Après avoir accusé l’ONU d’«avoir manqué à son devoir», il en est arrivé à la conclusion que l’ONU «n’a ni la capacité ni le courage» de remplir ce «devoir».

Fermer les camps de Tinfouf et ouvrir les frontières avec le Maroc

Le coordinateur polisarien avec la MINURSO, M’hamed Kheddad, va plus loin encore et s’en prend également à la France, qui «n’hésite pas à adopter des positions antidémocratiques», ainsi qu’aux Etats-Unis et à l’Espagne, coupables à ses yeux de ne pas prendre tout simplement fait et cause pour le mouvement séparatiste. Et d’exprimer clairement, aussi, l’opinion des dirigeants du «Polisario» au sujet du processus de négociations en cours. A l’en croire, le mouvement séparatiste «n’est pas prêt à perdre plus de temps dans des réunions sans résultat».
Cette intransigeance affichée des séparatistes polisariens n’est que le reflet d’une autre intransigeance, beaucoup moins compréhensible, celle des commanditaires algériens, qui s’évertuent à vouloir faire croire que l’Algérie n’est pas partie prenante dans ce conflit.
Mais comment expliquer cette intransigeance algérienne, comment expliquer cet acharnement contre le Maroc, ce voisin de l’ouest qui n’a pas manqué de porter assistance, juste après son propre accès à l’indépendance, aux maquisards du FLN en lutte contre la colonisation française ?
«Ce conflit inutile engagé à la hussarde par Boumediene, après le coup d’Etat manqué et la mort de son ami le général Mohamed Oufkir en août 1972, n’a en fait été qu’un prétexte de déstabilisation de la monarchie alaouite» explique le journaliste algérien, Saâd Lounès, dans un article publié en novembre 2009 par l’édition on line du journal «Le Quotidien d’Algérie», intitulé «Le clan d’Oujda a perdu la bataille du Sahara Occidental».
«Tout d’abord, ce conflit n’a jamais reçu d’adhésion populaire, les algériens se contrefichent de cette histoire de Sahara. Hormis un FLN moribond qui ne s’exprime sur ce lourd héritage que du bout des lèvres, les partis politiques ont ouvertement déclaré leur désaccord sur la position algérienne et n’ont aucun contact avec le Polisario. Ensuite, la gestion du Polisario a toujours été une chasse gardée du clan d’Oujda dirigé par le couple Boumediene-Bouteflika et les chefs de la Sécurité Militaire. Après la mort de Boumediene et la mise à l’écart de Bouteflika et Kasdi Merbah, patron de la SM, c’est le général Larbi Belkheir qui s’est accaparé de ce dossier stratégique et lucratif où s’entremêlent diplomatie parallèle, fonds secrets et commerce d’armes. Depuis la disparition mystérieuse de Belkheir, très malade selon sa famille ou décédé selon d’autres sources (l’article date de novembre 2009, ndlr), on ne sait plus qui est vraiment en charge de ce dossier. Le très efficace chef du contre-espionnage, le général Smaïn Lamari qui gérait le Polisario sous les ordres de Belkheir, est décédé en été 2007 sans qu’on sache vraiment qui l’a remplacé. De plus en plus isolés à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, Bouteflika et son clan d’Oujda ont définitivement perdu la bataille du Sahara Occidental. La dernière gifle retentissante qu’a reçu Bouteflika vient de son ami Khaled qui, après avoir exprimé publiquement ses griefs contre l’anti-marocanisme du gouvernement algérien, a entériné la marocanité du Sahara en allant chanter au dernier festival du dromadaire à Laâyoune. Placé en situation d’échec et mat par la maîtrise d’œuvre marocaine et la péremption politique de Bouteflika, il ne reste au pouvoir algérien qu’une porte de sortie dans ce conflit. Abandonner son intransigeance, laisser le Polisario négocier librement, seul et sans aucune contrainte, fermer les camps de Tindouf et ouvrir les frontières avec le Maroc».

Quand on n’a pas la conscience tranquille…

Il est intéressant de lire les débats entre algériens sur les forums Internet portant sur l’implication de leur pays dans l’affaire du Sahara. Mise à part une large majorité d’algériens, qui avouent le plus souvent ne rien savoir sur ce conflit qui ne semble pas les intéresser, si ce n’est au niveau de ses conséquences sur les relations entre les deux pays maghrébins voisins, les rares algériens qui y prêtent attention divergent sur l’attitude à prendre à ce sujet. Pour les uns, méfiants envers les dirigeants en place à Alger, toute cette affaire ne sert qu’à détourner l’attention du peuple algérien de la gabegie et des abus de leurs gouvernants. Ils regrettent les mauvaises relations que cette affaire entraîne entre leur pays et le Maroc et se demandent combien de milliards de dinars appartenant au peuple algérien ont-ils été engloutis dans le soutien au front «Polisario». Les autres, imprégnés de la propagande de leur régime, après avoir répété un discours populiste passé de mode sur le soutien aux mouvements révolutionnaires, finissent par poser le vrai problème qui semble hanter l’inconscient collectif algérien.
«Marocain ou pas marocain, le Sahara Occidental est une affaire hautement géostratégique pour l’Algéri » précise ainsi un internaute algérien. «Il est vrai que l’indépendance sahraouie arrange les affaires de l’Algérie (...) sans oublier les avantages économiques que représenterait un couloir sur l’atlantique» avoue un autre. Encore plus explicite, «le Maroc risque de nous poser de gros problèmes une fois son unité territoriale affirmée et consolidée».
Voilà, tout est ainsi dit. Ces simples internautes algériens ont plus de courage et de franchise que leurs dirigeants, et écrivent franchement ce que les derniers pensent mais ne peuvent avouer.
Le Maroc, débarrassé des contraintes que fait peser sur lui cet interminable conflit du Sahara, pourrait prendre un essor économique et un poids politique qui pourraient le rendre, de l’avis de ces algériens, menaçant à l’égard de leur pays. Surtout quand on sait que la superficie de l’Algérie occupée par les Français en 1830 n’excédait pas les 575.000 km2, alors qu’elle est devenue à l’indépendance, en 1962, de 2.400.000 km2 ! Certains algériens semblent craindre de voir les pays voisins se demander d’où vient cette énorme différence…
Il ne faut pas se leurrer. Dans le conflit du Sahara, l’Algérie affronte le Maroc par polisariens interposés. A Amgala, en 1976, la confrontation a même été directe deux fois de suite et de manière sanglante. Si ce n’était la bravoure et l’efficacité des soldats des FAR, ce serait les soldats de l’ANP qui circuleraient actuellement à Smara.
M. Javier Rupérez est un homme politique et un diplomate espagnol de haut rang et occupe aujourd’hui le poste de Directeur exécutif au Comité de lutte antiterroriste de l’ONU. Dans une tribune publiée en mars dernier sur les colonnes du journal ABC, le diplomate espagnol n’y va pas par quatre chemins. La pseudo-RASD «existe parce qu’elle est voulue, encouragée et financée par Alger». «La communauté internationale a cru, ou fait semblant de croire, qu’en évoquant un référendum, la question était réglée», alors que «les difficultés de sa mise en oeuvre n’avaient pas été prises en considération» a-t-il estimé. Avant de conclure à «l’impossibilité d’organiser un référendum».
«En 1996, je me demandais si les populations des camps de Tindouf sont des acteurs indépendants dans leur propre histoire ou plutôt des otages et des victimes de l’aveuglement d’une poignée de personnes ? Je me disais aussi jusqu’à quand vont se poursuivre les souffrances, la marginalisation et l’instrumentalisation obscure de ces déshérités ?».
Le diplomate espagnol a une position clairement affichée au sujet de l’option indépendantiste. Un nouvel Etat dans la région, aillant la taille de l’archipel des Canaries, constituerait à son avis, «une recette pour l’instabilité, dans le cadre d’un voisinage d’une importance stratégique pour l’Espagne».
Même son de cloche auprès de l’Institut Thomas More, un think tank européen indépendant, cité par le journal on line, Sahel Intelligence. Dans un rapport publié au début du mois en cours, ce think tank estime «que le risque d’un failed state» (Etat en faillite) dans la région constitue un danger majeur pour la sécurité durable» et invite de ce fait, «l’Union Européenne à soutenir la proposition marocaine d’une autonomie élargie au Sahara Occidental, seule voie susceptible de sortir de ce conflit sans qu’aucun des protagonistes ne perde la face».

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