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mercredi 1 juillet 2009

Sahara : Ross clôt sa tournée régionale : L’appel de la raison

L’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara a bouclé hier à Rabat sa deuxième tournée dans la région, par une note optimiste quant à la relance des négociations. En fin négociateur, Christopher Ross a défini sa démarche et fixé les étapes pour la reprise de sérieux pourparlers.

Dès ses premières déclarations à Alger, à l’issue de ses entretiens avec le président algérien, puis le lendemain à Tindouf, l’émissaire onusien a donné le ton. Il a une démarche et une méthodologie adaptées à la réalité du dossier et de ses acteurs, en conformité avec la mission dont le Conseil de sécurité de l’ONU l’a investi pour appliquer sa dernière résolution.
A Rabat, après ses consultations avec le ministre des Affaires étrangères, Christopher Ross en a dit, un peu plus, sur ses intentions et sur le menu qui sera proposé à la table des négociations de la prochaine session, dont «la date et le lieu seront fixés bientôt».
Il a d’ailleurs défini les deux raisons qui le poussent, en tant que nouveau chargé de ce dossier, à mettre de la pression. Selon lui, «le conflit a trop duré» et, de ce fait, «l‘intégration (économique) régionale» est bloquée.
D’ailleurs les entretiens que C. Ross a eus, en parallèle à Rabat, avec le secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe (UMA), dénotent la volonté de recourir à l’économique pour dépasser les blocages politiques, surtout que la région maghrébine est ciblée comme plate-forme intermédiaire entre les puissances économiques et le «Sud» en quête de développement. Les enjeux mondiaux, pour l’expansion économique, sont de taille et ne peuvent continuer à être sacrifiés à cause du politique paralysant. Habib Ben Yahya, en Maghrébin convaincu, a dû exposer son point de vue sur l’intégration maghrébine.
D’ailleurs le plan Eizenstat, du nom de l’ex-sous-secrétaire américain aux Affaires économiques, demeure d’actualité pour l’Administration Obama. Ce plan vise, à côté de la démocratisation du Maghreb, à permettre au tissu industriel américain de s’installer dans la région, à proximité de l’Europe.
Mêmes les opérateurs maghrébins, notamment les algériens, ne cachent plus leur opposition aux politiques d’Alger qui ne veulent pas entendre les appels à la normalisation des rapports économiques et politiques avec Rabat, notamment à travers la réouverture des frontières. C’est le véritable ciment de l’édification maghrébine, aujourd’hui paralysée au nom de «principes éculés». Les opérateurs économiques de l’UMA veulent même brûler les étapes et proposent une monnaie unique pour l’espace maghrébin, à l’image de l’euro. Même son de cloche chez les politiques et certains généraux algériens qui ne veulent plus continuer à insulter l’avenir et recommandent d’anticiper le plus pour rattraper le temps perdu durant les trois décennies passées.
De même, il est indéniable que c’est l’économique qui définit le politique. Les grandes puissances du monde encouragent la proposition marocaine d’autonomie saharienne en tant qu’ouverture devant permettre à l’économique d’émerger et de prendre toute sa place.
Ce constat a été réaffirmé par les membres permanents du Conseil de sécurité qui, conscients de la dynamique enclenchée par l’initiative marocaine, entendent faire respecter la dernière résolution qui tient compte des acquis obtenus lors des 4 rounds de Manhasset.
C’est ce qui explique l’enthousiasme et l’optimisme de C. Ross, qui, en passionné des situations politiques complexes, ne verse pas dans la facilité, souvent source de blocages et de résistances, et préfère cerner les difficultés, une à une, en faisant preuve de pédagogie et d’ouverture mais sans se départir de la fermeté indispensable pour dégager le consensus autour de la souveraineté marocaine sur son Sahara.
Il préconise une ou plusieurs réunions informelles, en fonction de la disponibilité des parties et de la manifestation concrète de la bonne foi, qui seront immédiatement suivies par un cinquième round de négociations. Lors de ces réunions informelles, des règles seront adoptées de sorte à éviter les fuites en avant et les retranchements observés lors des négociations de Manhasset.
Partant de cette nouvelle donne, les observateurs politiques s’interrogent, face aux pressions de l’émissaire onusien, pour savoir si les nuages, entre Alger et Rabat, vont se dissiper cet été, par une remise en cause de la fermeture des frontières et de l’impasse saharienne, surtout que le coût du non-Maghreb continue de s’alourdir, en ces temps de crise et de récession.

Mohamed Khalil

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